La plasticroute, cette nouvelle forme de pollution des littoraux par les débris plastiques
Dernière mise à jour : 9 oct. 2019
Si l’impact du plastique et de ces débris sur les écosystèmes marins n’est plus à démontrer, les chercheurs restent désormais sans voix face aux nouveaux types de pollution qui en découlent.

À la lumière de nombreuses études menées par différents laboratoires universitaires et centres de recherche dans divers habitats marins (comprenant les bords de mer, les récifs coralliens, les eaux peu profondes, les estuaires ou les fonds marins), nous ne pouvions plus ignorer les conséquences négatives occasionnées aux différents organismes marins par une exposition répétée aux débris plastiques, par mise en présence ou par leur consommation fortuite.

Des données alarmantes au sujet de ces contaminations par ingestion ont d’ailleurs été publiées pour montrer que des dizaines de milliers d’individus répartis sur 558 espèces différentes avaient été touchés, dont toutes les espèces de tortues marines, 66 % des espèces de mammifères marins et 50% des espèces d’oiseaux. Ce qui, par ricochet, nous amène à nous interroger sur la dangerosité de ces débris marins pour nous, consommateurs des produits de la mer, sachant que ces débris plastiques et autres s’accumulent dans les tissus des animaux que nous consommons.
Mais l’impact de ces débris ne s’arrête pas à l’estomac des consommateurs de la chaine alimentaire. Une équipe de chercheurs issus du Centre MARE (Marine and Environmental Sciences Centre) et du Smithsonian Environmental Research center) on récemment mis en évidence une nouvelle forme de pollution liée aux plastiques jusqu’alors jamais identifiée : l’incrustation de débris plastique à la surface des rochers. C’est sur les rivages de l’île de Madeire que l’équipe du chercheur Ignacio Gestoso a mis en évidence cette nouvelle forme de pollution anthropocène. Des débris plastiques de moins de 1mm d’épaisseur incrustés dans la roche. Le Docteur Gestoso avance que ce phénomène résulterait du choc récurrent de déchets plastiques plus volumineux présents dans les mers sur les rochers du littoral. Plus grave encore, depuis leur découverte en 2016, l’équipe a non seulement démontré sa persistance dans le temps, mais aussi sa progression, pour atteindre aujourd’hui plus de 9% de recouvrement par mètre carré dans les zones affectées.
Ces incrustations de bleus et de blancs sont en réalité du polyéthylène (PE), l’un des plastiques de commodité les plus produits au monde et employés dans une diversité d’applications allant du simple emballage aux dispositifs médicaux en passant par le secteur de la construction.
L’équipe du Dr Gestoso s’inquiète des conséquences de cette plasticroute sur la faune environnante dans la mesure où de nombreux invertébrés tels que les balanes, les patelles, les escargots et autres gastéropodes qui broutent les algues dans les interstices rocheux ne peuvent distinguer les ressources alimentaires de qualité comparativement à celles qui sont polluées par les plasticroutes.
1. Gall, S. C. and R. C. Thompson. 2015. The impact of debris on marine life. Marine Pollution, Bulletin 92:170-179
2. Kühn, S., E. L. Bravo Rebolledo, and J. A. Van Franeker. 2015. Deleterious effects of litter on marine life. Pp 75-116 In: Bergmann, M., Gutow, L., and Klages, M. (eds). Marine Anthropogenic Litter. Springer, Berlin
3. Ignacio Gestoso, Eva Cacabelos, Patrício Ramalhosa, João Canning-Clode. 2019. Plasticrusts: A new potential threat in the Anthropocene's rocky shores. Science of the Total Environment 687 (2019) 413–415