Le #usefulselfie, au service du narcissisme réhabilité

Tantôt décrié en raison de l’auto propagande narcissique qu’il entretient, tantôt interdit pour le danger qu’il représente chez certaines personnes immodérées, le selfie a mauvaise presse. Et pour cause, beaucoup n’hésitent pas à prendre des risques démesurés ou à abandonner toute pudeur pour réaliser La photo phénoménale du moment. Ces photos aussi extraordinaires qu’éphémères accusées d’alimenter le besoin de vénération instantané par le prisme du regard d’autrui. Ces mêmes photos qui finiront par se noyer, quelques jours après, dans les limbes du web. Mais, arrêtons-nous 30 secondes ! C’est une perception excessivement négative si on y pense bien !
Par opposition, le selfie positif, exemplifié par le timide hashtag #usefulselfie apporte une autre vision plus sensible sur l’usage des réseaux sociaux. Des mouvements s’inscrivant dans la même veine que le #10wastechallenge sont souvent accompagnés de cette mention. Si bien que des ambitions croissantes, émancipées du click de flatterie, fleurissent sur la toile pour défendre avant tout des causes plus profondes et engagées.
C’est notamment le cas des actions pro-environnementales qui, à l’instar du #10wastechallenge, invitent à se mettre en scène alors que l’on agit au bénéfice d’autrui, et pour des causes qui nous touchent réellement. Ce narcissisme, qualifié de rehaussé par le philosophe et auteur français, Fabrice Midal, n’est en réalité qu’un retour à soi-même, avant que le mot « narcissique » ne devienne un terme dévoyé. Pour aller plus loin, dans ce cas de figure, ces selfies renvoient à l’image que l’on a de soi dans ce que nous avons de plus beau et de plus authentique. En d’autres termes : à l’amour de soi, l’estime de soi, la fierté de nos actions, et ce, de manière parfaitement lucide et sans faux-semblants.
Une manière, sans doute, d’éroder de vieux héritages imposés par des pères religieux, plutôt favorables au mépris et au sacrifice de soi-même. Grâce aux réseaux sociaux, tout un chacun bénéficie d’une tribune pour nourrir son amour propre et apprendre à mieux se connaître.